Jeudi, 05 octobre 2020-Le Président Alassane Ouattara a surpris plus d’un en annonçant, ce jeudi, son intention de ne pas briguer un troisième mandat. Le chef de l’exécutif ivoirien qui est longtemps resté dubitatif quant à sa candidature à la présidentielle de 2020 vient d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur son avenir politique.

«Je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2020 », a-t-il affirmé devant des parlementaires et sénateurs réunis en congrès dans la capitale politique Yamoussoukro. Alassane Ouattara a déjoué tous les pronostics de ces détracteurs qui l’attendaient de pied ferme sur son projet de révision constitutionnelle, ordre du jour de cette rencontre conjointe du Sénat et du Parlement. Rien ne présageait une annonce de cette envergure puisqu’il  a maintenu le suspense jusqu’au bout.

                                                                   Maître du jeu

En parfait maître du jeu, il a fait un bilan de ses deux mandats, puis expliquer les enjeux de la révision constitutionnelle, avant de s’attarder sur quelques points de cette modification, sans toutefois omettre de rassurer que ses motivations n’obéissent en aucun cas à une confiscation du pouvoir.

«Je voudrais rassurer que la révision de la constitution relève d’une procédure normale, prévue par la constitution elle-même. Il est vrai que les révisions constitutionnelles suscitent méfiance et suspicion, car l’histoire récente de notre pays et celle de bien d’autres ont montré qu’elles ont souvent servi de prétexte pour pérenniser un pouvoir ou pour exclure les adversaires politiques du jeu électoral. Je veux vous rassurer», a rassuré M. Ouattara, avant de poursuivre : « Le projet de révision de la constitution que je vous soumettrai, ne s’inscrit nullement dans cette optique. Cependant il est apparu nécessaire d’initier quelques adaptations dans la constitution de la troisième république dans le souci de l’améliorer et de pérenniser un modèle de fonctionnement de l’exécutif qui a démontré son succès et son efficacité ».

Ainsi, le Président Ivoirien propose que le Vice-Président soit nommé par le Président de la République avec l’accord du Parlement, que le Parlement demeure en fonction jusqu’à l’organisation des élections parlementaires si le délai prescrit par la constitution pour l’organisation du scrutin arrive à expiration, et que la Cour de cassation et le Conseil d’Etat deviennent des Institutions de la République au même titre que la cour des comptes.

                                      Les pro-Ouattara pleurent, l’opposition jubile

Alassane Ouattara s’est dit prêt à respecter ses engagements en passant le flambeau à une génération « jeune, honnête et compétente » pour pérenniser le travail abattu au cours de ses deux quinquennat. « Mes chers compatriotes je suis fière de toutes ces belles performances que nous avons accomplies ensemble tout au long de ces 9 dernières années. Ces résultats sont conformes aux engagements que j’avais pris au moment où je briguais la magistrature suprême», a-t-il indiqué.

La décision d’Alassane Ouattara de ne pas se présenter n’a pas rencontré l’assentiment de la majorité de de l’assistance. «On ne veut pas, on ne veut pas », ont scandé plusieurs députés et sénateurs de sont camp dont certains étaient en larmes. Ils ont fini par se raviser en accueillant par des applaudissements le reste des propos du Président. De son côté, l’opposition estime que c’est « un acte fort » qu’il vient de poser, estimant que le jeu est désormais «ouvert».

«Le Président Ouattara veut créer les conditions d’une compétition transparente. C’est un acte fort qu’il faut saluer. Je crois que le jeu est ouvert», a déclaré Affi N’Guessan, le président statutaire du Front populaire ivoirien (FPI, opposition).

MA