Seydou Koné, romancier et dramaturge: « Que les éditeurs ivoiriens vendent les livres numériques… »

Né à Ayamé, après des études primaires dans cette ville, c’est Grand-Bassam puis Abidjan qui l’accueillent pour ses études secondaires et universitaires. Titulaire d’un Master en droit des affaires et fiscalité des entreprises, Seydou Koné a su s’imposer sur la scène littéraire ivoirienne mais aussi à l’international avec ses œuvres novatrices. Entretien…

 

Quel genre d’enfance avez-vous eu ?

S.K: J’ai eu une enfance paisible auprès de mes parents à Ayamé. Benjamin d’une famille de neuf enfants, j’ai beaucoup été dorloté par mes parents. Je profite pour saluer ma mère, mes frères et sœurs.

Neveu de l’écrivain Amadou Koné, quel a été l’impact de la famille dans votre éducation ?

S.K: Je vous remercie pour cette question. J’ai beaucoup été influencé par mon oncle Amadou Koné, l’auteur du célèbre roman Les frasques d’Ebinto. A l’adolescence, ma mère me parlait énormément de son petit frère Amadou Koné ; elle voulait que je devienne un écrivain important, reconnu dans le monde comme son petit frère. Les propos de ma mère m’ont encouragé à m’intéresser à la littérature. Ma tante Korotoume me présentait les prix littéraires remportés par mon oncle Amadou Koné. Sincèrement, l’influence de ma mère et de sa sœur m’ont aidé à devenir écrivain. Aujourd’hui, mon oncle Amadou Koné est fier de moi. Il est fier de savoir que je suis traduit pour l’instant en anglais et en espagnol. Il me prodigue de sages conseils ; il a l’habitude de me dire que c’est rare de voir un jeune auteur Africain être publié en anglais et en espagnol. Professeur de la littérature contemporaine à l’Université de Georgetown aux États-Unis d’Amérique, Amadou Koné m’encourage à écrire davantage et à persévérer pour vivre de mes écrits plus tard inch Allah.

Quel était votre rapport avec le livre durant votre parcours scolaire et universitaire ?

S.K: Durant mon parcours scolaire, j’aimais lire les livres. Je lisais régulièrement les œuvres de mes auteurs préférés notamment Amadou Koné, Eza Boto, Nazi Boni, Charles Baudelaire, Molière, Beaumarchais, Camara Laye, Olympe Bhêly Quenum et Aminata Sow Fall. Mes parents m’offraient les livres de mes auteurs préférés. Déjà au lycée, j’étais fasciné par le livre intitulé L’appel des arènes d’Aminata Sow Fall ; j’étais fasciné de savoir que ce livre est traduit dans plus de vingt langues dans le monde. C’est d’ailleurs Aminata Sow Fall qui m’a incité à traduire mon roman Le Péché dans diverses langues. A l’université, je lisais régulièrement les ouvrages de critiques littéraires. Le but était d’apprendre les rudiments pour écrire de bons livres, surtout des livres qui seront bien vendus en Afrique et dans le monde.

Vous êtes auteur de 4 œuvres personnelles et d’une œuvre collective. Qu’est-ce qui vous passionne tant dans votre métier d’écrivain ?

S.K: Je suis effectivement l’auteur de quatre ouvrages à savoir Le PéchéLa Déchirure, Le Fils maudit et Le Mariage interdit. J’ai également contribué à l’écriture d’une œuvre collective dénomméeAbidjan, ville aux multiples visages. Le livre collectif a été financé par le Goethe Institut et a réuni de talentueux écrivains notamment Véronique Tadjo, Cédric Marshall Kissi, Angelo Koblan…

Premièrement, être écrivain est un métier. J’ai choisi d’écrire pour en vivre inch Allah. Je veux vivre de mes livres comme mon oncle Amadou Koné, James Patterson, Stephen King… Je ne partage pas l’idée qu’on écrit simplement par passion. Je suis aussi passionné de partager la connaissance, le savoir aux lecteurs à travers mes livres.

Juriste de formation, vous avez une vie professionnelle bouillonnante. Comment se décline une journée de Seydou Koné ?

S.K: Une journée de Seydou Koné se décline comme la vie de tout citoyen honnête. Comme on ne vit pas présentement du métier d’écrivain en Côte d’Ivoire, je m’attèle à faire traduire mes livres dans diverses langues étrangères et je  travaille actuellement dans une structure à Abidjan.

A quel moment écrire est-il devenu nécessaire pour vous ?

S.K: C’est à l’âge de vingt- et- un ans que l’écriture est devenue nécessaire pour moi. Je me sentais capable d’écrire des livres pour conscientiser, éduquer la jeunesse. C’est aussi à cet âge que j’ai nourri l’idée de devenir plus tard un écrivain professionnel c’est-à-dire un auteur qui vivra de ses livres comme James Patterson, Stephen King, Chinua Achebe, Amadou Koné…

Votre roman Le Péché est traduit en plusieurs langues. Comment expliquez-vous cette internationalisation ?

L’internationalisation de mon roman Le Péché s’explique par la volonté d’Allah (Dieu en langue arabe). Je remercie Dieu d’avoir permis la traduction de mon roman Le Péché en anglais (The Sin) par Authorhouse aux Etats-Unis d’Amérique et en espagnol (El Pecado) en Espagne par Wanafrica Ediciones. Pour le moment. Je profite de votre interview pour remercier la maman Wêrê Wêrê Liking ; c’est cette grande dame qui a corrigé mon roman Le Péché en 2014. Je lui dois l’internationalisation de mon roman Le Péché.

Vos différentes œuvres posent des problématiques sociétales et sociales. Alors comment se définit Seydou Koné ?

S.K: Seydou Koné se définit comme un écrivain misérabiliste c’est-à-dire un auteur qui dépeint avec insistance les aspects misérables de la vie en société. Mon combat, dénoncer la trop grande misère des populations afin que les décideurs politiques améliorent les conditions de vie de leurs concitoyens.

Quelle est la figure symbolique de Bamba et Baro Yacou dans Le Péché ? Assamala dans La Déchirure et Tiacoh et Akoua dans Le Fils maudit ?

S.K: Dans Le Péché, Bamba est un personnage courageux, un homme qui vient en aide aux plus démunis. Quant à Baro Yacou, c’est un arriviste, une personne peu ambitieuse. Dans La Déchirure, Assamala est une femme respectueuse, une femme qui songe fonder un foyer. Dans Le fils maudit, Tiacoh est un personnage inconscient, un élève peu soucieux de son devenir. Quant à Akoua, c’est une fille aux mœurs légères, se souciant peu de la dignité, de la morale.

 Quel est votre regard sur la production littéraire de votre génération ?

S.K: La production littéraire de ma génération est de bonne qualité ; vous avez de jeunes auteurs notamment Angelo Koblan, Cédric Marshall Kissi, Stella Sanogo… qui écrivent des livres de qualité, avec des intrigues solides. Mon souhait, je voudrais que nos éditeurs ivoiriens vendent les livres numériques ou Ebooks, qu’ils songent à vendre les livres audios.

 Vos projets et actualités littéraires ?

S.K: La traduction de mon roman Le Péché en anglais et en espagnol m’ouvre de grandes portes dans le monde. J’ai de grands projets littéraires dans le monde inch Allah. Par vos prières et Dieu, j’espère que ma carrière d’écrivain ira encore de l’avant inch Allah. Je voudrais terminer en remerciant ces personnalités qui m’ont aidé et soutenu ; notamment mon oncle Amadou Koné, Wêrê Wêrê Liking, Isaïe Biton koulibaly, Tiburce Koffi, Luis Marques, N’Koumo Henry…

 

Entretien réalisé par Auguste Gnalehi